Velado, es terminado

L'avion avec lequel nous avons quitté Buenos Aires, après un magnifique passage au-dessus de la cordillère, nous a ramené à Santiago, nous remettant en mémoire les bons moments passés ici. C'est de là que nous nous envolons vers l'Australie et, c'est de cet avion que je rédige ce texte en me replongeant dans nos souvenirs des 6 derniers mois.

Après toutes ces aventures, que reste-t-il ?
Aucun souvenir négatif. Oui nous avons rencontré des difficultés, oui nous nous sommes parfois sentis un peu perdus mais nous avons le sentiment que chaque problème a débouché sur un évènement positif : une rencontre, un changement de route pour découvrir de magnifiques paysages, l'approfondissement de notre espagnol ou, tout simplement un apprentissage sur nous-même, la découverte d'une force ou d'une capacité d'adaptation que nous ne nous connaissions pas forcément, la certitude d'avoir des enfants formidables qui nous ont suivis et, à leur manière, soutenus à chaque fois que ce fut nécessaire.

Ces 6 mois nous ont aussi appris à quel point nous avions envie (besoin ?) malgré l'éloignement, de conserver le lien qui nous unit aux nôtres, à notre communauté d'amis, à l'école des enfants, etc.

Restera également la chaleur des gens du continent sud américain qui nous ont toujours accueillis, conseillés, parlés non pas comme à des étrangers dont il faut se méfier mais comme des hôtes, des visiteurs auxquels ils sont fiers de faire découvrir leurs pays, leurs coutumes, leurs cultures. Pour nous, cette chaleur est un trait commun à tous ces pays déjà traversés. Chaque pays nous a également offert l'occasion de découvrir des paysages somptueux et parfois même, un coin de paradis. Cependant, ne nous leurrons pas, à côté de toutes ces beautés, nous avons également croisé une pauvreté, un état de délabrement de certains quartiers et une inégalité sociale que nous ne connaissions pas en Europe (en tout cas, pas à cette échelle). Dans tous les pays nous avons vu des enfants livrés à eux-mêmes, dans les rues, jonglant aux feux rouges, quémandant une pièce le long des routes de montagnes ou slalomant entre les camions aux péages pour vendre quelques biscuits et se faire quelques sous. Tout cela nous a démontré l'importance du travail des associations comme SOS Villages d'Enfants qui, jour après jour, font, sur le terrain, un travail de fourmis pour offrir à ces enfants l'espoir d'un avenir plus rose.

Nous ne ferons pas ici de classement des pays traversés. Chacun valait le détour et nous avons essayé de profiter de chaque moment au maximum. Cependant, voici ce que nous retiendrons de ces différents pays :

L'Uruguay a eu l'avantage d'être le premier et représente pour nous la dêcouverte, l'apprentissage d'un peuple, d'une langue, d'une culture. Il nous a permis, de part sa capitale développée et ses dimensions à taille humaine, de commencer notre apprentissage du voyage en douceur. Beaucoup de nos premières fois sont en Uruguay : premier plein de carburant, première casse du camion, premier village SOS, premiers mots en espagnol, premier passage de frontière avec le camion, premier port, etc. Et, comme toutes les premières fois, çà influence le souvenir que nous en gardons.

L'Argentine ensuite qui représente d'abord l'immensité des paysages et la diversité qui sont dues à la taille du pays. C'est également pour cette raison que ce pays, à lui seul, représente 1/3 de notre séjour en Amérique du Sud. D'Argentine nous garderons également quelques images d'Epinal : les gauchos, les plats de viande gargantuesques, les espaces infinis de Patagonie, les pistes mythiques et boueuses. Mais l'Argentine c'est aussi le lieu de nos plus nombreuses et de nos plus belles rencontres, de gens venant de tous les coins de la planète, et d'un mémorable cochon à la broche pour l'anniversaire de Cloé ! Nous pensons que jamais nous n'en oublierons les chutes d'Iguaçu, les missions jésuites, les esteros del Ibera, Cafayate et son vignoble, les glaciers, la faune de Patagonie et la Quebrada de Humahuaca qui nous a ouvert les portes de l'altiplano et de la bolivie.

La Bolivie représente la partie la plus aventureuse de notre périple actuel, celle qui nous a emmenés en dehors des sentiers battus, où nous avons été confrontés au plus grand contraste socio-economico-culturel avec l'Europe, où la tradition et le folklore font partie de la vie quotidienne. Mais la Bolivie c'est aussi la rencontre avec les andes et ses habitants, les sommets, l'altitude avec ses beautés et ses difficultés. Nous garderons toujours en mémoire les étendues du Salar d'Uyuni, les costumes de la San Bartolomé de Potosi, les mariages boliviens, le lac titicaca et, pour Damien, un souvenir très particulier de son ascension de l'Huayna Potosi.

Le Pérou c'est avant tout la découverte des Incas et de leur histoire. C'est sans doute le pays où nous avons fait le plus de visite de sites historiques et de musées, notamment à Cuzco et dans la vallée de l'inca. C'est aussi un pays que nous avons visité en période électorale, nous permettant de découvrir, derrière les slogans peints à même les murs des maisonś, une réalité socio-économique bien loin de la nôtre dont les promesses électorales sont d'apporter l'électricité et l'eau potable partout !

Et enfin le Chili, pays des extrêmes, fine bande étirée sur des milliers de kilomètres dont l'aridité du nord contraste avec la pluviométrie importante rencontrée dans le sud. C'est aussi nos premiers pas dans le désert, découvrant une immensité où aucune culture n'est possible et nos premières vagues en surf ! C'est sans doute du Chili que nous gardons les plus belles images de paysages et surtout les plus diversifiées, allant de l'Atacama aux glaciers du sud en passant par les volcanś les lacs et les couleurs de Valparaiso.

Durant ces 6 premiers mois, il nous a fallu trouver notre rythme suite au changement de vie que nous avions décidé. Il a fallu apprendre à gérer le temps dont nous disposions en le partageant avec les autres mais sans oublier d'en garder un peu pour soi. Il a fallu apprendre à économiser les ressources (eau, électricité, argent, place disponible, etc.). Il a fallu trouver le bon équilibre entre les temps de route, de visite, de repos ou d'école. Ce sont tous ces points qui font que nous distinguons voyage et vacances, différence de concept qui fait d'ailleurs l'unanimité auprès de tous les voyageurs rencontrés. C'est également l'expérience que nous avons maintenant de ce concept de voyage qui fait que nous allons sans doute adapter notre périple africain en diminuant le nombre de kilomètres prévus pour profiter d'avantage des lieux traversés... On en reparle dans 6 mois ...