A travers les marais ...

Alors que j’avais déjà en tête l’article que j’allais écrire sur notre première nuit dans les marais (silence, calme, beauté du paysage et des chants des oiseaux au réveil), voilà qu’une heure après avoir repris la route des Esteros del Ibera et plus précisément de Colonia Carlos Pellegrini, la piste devient sablonneuse et humide. Nous parcourons, je ne sais toujours pas comment, quelques kilomètres dans cette bouillasse à coup d’accélérations dans les flaques et de dérapages très bien contrôlés par Damien, jusqu’à ce qu’une zone, sans doute encore plus sablonneuse ou encore plus humide, d’une centaine de mètre de long, nous arrête pour un bon moment. Le camion n’est pas tellement enfoncé mais nous patinons sans pouvoir repartir. Il est alors 10h33, le soleil commence à taper ferme et nous avons du nous arrêter sur un nid de moustiques. Nous mettons alors en œuvre toutes les techniques possibles et imaginables pour en sortir : plaques de désensablement, levage du camion au moyen des 2 crics, pose de branchages et autres bois devant, derrière et sous les roues, etc. Damien et moi, tels 2 Mc Gyver, faisons preuve, durant 2 heures, de toute la créativité dont nous sommes capables pour nous extraire de cette boue. Quelle joie lorsqu’enfin, les roues accrochent le sol et que nous voyons le camion avancer… joie de courte durée, nous nous retrouvons 30 mètres plus loin mais dans la même situation. Nous recommençons alors le même scénario que celui qui a payé 10 minutes plus tôt mais sas succès. Trois heures plus tard, la chaleur est de plus en plus intense, les moustiques de plus en plus piquants et nous sommes toujours là, en plein soleil, couverts de boue. Pendant tout ce temps, les enfants vaquent à leurs occupations dans le camion : jeux, lecture, musique, repas, exercices scolaires, etc. sans mesurer la pénibilité de ce qui se passe à l’extérieur. C’est alors qu’au loin, nous voyons arriver un vieux pick-up, encadré de quelques gauchos qui mènent leur troupeau. Le pick-up s’arrête et celui qui semble être le chef nous propose l’aide de ses hommes. Ceux-ci se mettent à creuser devant le camion pour s’assurer que rien ne frotte et n’empêche l’avancée du camion. Ensuite, Ils nous demandent si nous avons des cordes. Bien sûr, nous allons avec plaisir lui fournir la corde pour qu’il essaie de nous tirer avec son pick-up !  A notre grand étonnement, nos cordes ne lui conviennent pas, ils les voudraient beaucoup plus courtes ?!?!? C’est alors que nous voyons 2 des gauchos resserrer fermement les selles de leurs chevaux alors qu’un autre est allé chercher des cordes « adaptées » dans le pick-up. Ils envisagent de tirer le Tin Can avec 2 chevaux !!!  Dix minutes auparavant, nous avions mentionné le poids du camion, l’estimant entre 6 et 7 tonnes. Ils attachent les cordes au camion d’un côté et à la sangle de leurs selles de l’autre et demandent à Damien de se mettre au volant. Et là, contre toute attente, le camion avance et franchi les quelques 50 mètres manquants pour atteindre un sol plus sec. Nous n’en revenons pas de la force développée par ces 2 chevaux et de l’habileté de leurs cavaliers. Nous remercions notre sauveur qui repartira au milieu des marais avec 2 T-shirts Tin Can Truck sous le bras. La piste restera sablonneuse jusqu’au bout et c’est après 8 heures de route et une centaine de piqûres de moustiques que nous parvenons au bout de ces 120 kms de piste. Harassés, nous décidons de poser nos roues pour 2 ou 3 jours dans le camping municipal de Colonia Pellegrini… ou plutôt juste devant l’entrée car le portique, trop bas, ne nous permet pas d’y pénétrer avec le Tin Can Truck. 


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