Huayna Potosi

Pourquoi gravir un 6000 ? Et pourquoi pas, c'est probablement une occasion unique, je ne sais pas si je reviendrais un jour dans les Andes. 6000 mètres pour alpiniste industriel c'est un défi intéressant. Alors, sur base des rencontres avec des voyageurs québécois et français, ce sera le Huayna Potosi (un sommet dont le niveau technique est facile).

A notre arrivée à La Paz, nous partons donc à la recherche d un guide qui pourra me permettre d organiser l ascension.
Cela est rapidement trouvé et ce sera Huayna Potosi, organisation homonyme  du sommet ( à absolument conseiller à tous ceux qui veulent le faire. La compétence   des guides et la qualité du matériel sont très bonnes ).

Rendez vous à 9h mercredi au bureau de l organisation , je fais la connaissance de Mario qui sera mon guide et de Dirk un gringo ( comme moi) allemand qui complètera la cordée.
On essaye notre matériel, crampons,coques,casques,harnais ,.... Et, direction la montagne.
Le camp de base est un refuge confortable à 4680 m d altitude.
L après-midi est consacrée à une école de neige et une école de glace sur le glacier qui est à une petite heure de marche du refuge.
L occasion pour le guide de nous voir évoluer sur le glacier avec crampons et petite séance de cascade de glace.
Retour au refuge où nous faisons la connaissance de 2 autres cordées espagnoles qui partiront avec nous, ensuite repas et dodo de bonne heure.
J éprouve un sentiment bizarre de me retrouver sans famille alors que cela fait 10 semaines que nous sommes tout le temps ensemble mais cela ne m empêchera pas de dormir ( Choupy vous dira que rien ne m empêche de dormir ;))
Jeudi petit déjeuner costaud, préparation du matériel et arrivée de Nadav un Jeune israélien, qui fera la quatrième cordée seul avec son guide.
Départ vers le refuge d altitude début d après-midi avec des sacs bien chargés ( eau,nourriture,matériel de montagne et pour la nuit). Le plus chargé sera Luis, un des guides de cordée espagnole, qui emporte une bouteille de gaz de 25 kg pour ravitailler le refuge ( respect !).
La météo est très moyenne (neige et vent) mais ne nous empêchera pas de gagner le refuge haut situé à 5300 m.
Nous prenons un rapide souper puis dodo vers 19h.
Enfin quand je dis dodo , tous le monde s est couché mais personne n'a pu dormir sauf les guides ( altitude quand tu nous tiens ).
Debout  à 23:30, petit déj, équipement et c est partit  à 01:00.
Nous laisserons une des cordées espagnoles au refuge car l acclimatation  n a
malheureusement pas été bonne pour eux.
Le début de la course est facile, la pente est faible et la météo clémente malgré une température de -10c°.
Le ciel est dégagé et la lune nous permet d évoluer sans lampe frontale.
Les crevasses sont nombreuses et les ponts de neige parfois bien faible mais le gel a fait son travail et nous évoluons en cordée .
La pente s accentue parfois de manière très importante et certains murs semblent sans fin. Le plus important devait faire entre 150 et 200 m et a nécessité 45 min. Tous les 4-5 pas une pause était nécessaire pour permettre au cœur de se calmer un peu.
La météo s est considérablement dégradée. Au loin, l orage gronde et le ciel s éclaire.
Nous aurons du vent et de la neige glaciale, l orage nous a épargnés.
À mi parcours, la deuxième cordée espagnole rebrousse chemin.
Nous ne sommes plus que trois gringos et 2 guides.
Mario s inquiète de notre état au vu de la situation mais nous voulons aller au sommet et pensons avoir la ressource pour le faire.
Le ciel s éclaircit doucement et nous entamons la dernière difficulté.
Bonne escalade  sur la dernière centaine de mètres et par moment un second piolet ne serait pas du luxe.
La fatigue se fait oublier, le sommet est en vue , il reste la crête à gravir avec une vue imprenable sur les lumières de la Paz et sur la cordillère.
Il est  6:30 nous sommes au sommet, la météo nous récompense et nous offre un ciel dégagé et un beau lever de soleil.
Après les quelques photos d usage, nous descendons rapidement au refuge haut, le soleil brille et nous réchauffe.
Nous rechargeons nos sacs et reprenons la descente dans la neige molle et le brouillard. C est beaucoup plus dur, la neige colle aux crampons et nécessite de les frapper tous les 5m pour enlever une importante couche qui ne permet plus au pied de se poser à plat.
À 5100 nous enlevons les crampons et reprenons le chemin empierré qui s'est couvert d une fine couche de neige verglacée. 
Avec les coques plastiques aux pieds c est holiday on ice sur chemin pentu. On marche de plus en plus au radar, c'est dur et très glissant.
La météo ne nous gâte pas, c est toujours le brouillard et le vent.
Enfin la pente se calme et on entrevoit le barrage proche du camp de base.
Il est temps, les derniers mètres qui remontent vers le refuges sont très difficiles.
Cela fait presque trente heures que nous n'avons pas dormi.
Nous rentrons tous au refuge pour un rapide repas, rangement du matériel, retour à la Paz , traversée de la ville à pied, micro bus et enfin camping, hamac, sieste être retrouvailles avec la famille.


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